Les évolutions des discriminations dans l’emploi entre 2016 et 2024 - Enquête sur l'accès aux droits 2e édition volume 3 - 18e baromètre sur la perception des discriminations dans l'emploi

Plus de 9 personnes sur 10 considèrent qu’il existe des discriminations dans l’emploi. Les résultats de ce 18e baromètre sur la perception des discriminations dans l'emploi confirment que l’accès à l’emploi demeure le domaine où les discriminations sont les plus fortement ressenties et vécues par la population. 

Les discriminations dans l’emploi persistent, touchent l’ensemble de la population active, et se manifestent à toutes les étapes du parcours professionnel. L’âge ou l’origine perçue restent les premiers motifs de discrimination lors de la recherche d’emploi, tandis que le déroulement de carrière expose particulièrement les femmes à des inégalités persistantes. D’autres facteurs, tels que le chômage, le niveau de diplôme, l’orientation sexuelle ou le fait d’être perçu comme non blanc, augmentent également le risque d’être discriminé.

Ces résultats mettent en lumière une jeunesse surexposée aux discriminations dans leur parcours d’emploi, bien plus qu’en 2016 lors de la première vague de cette enquête. Une jeunesse abîmée compromet la capacité d’une société à préserver sa cohésion sur le temps long.

Principaux résultats

La perception des discriminations

L’emploi apparaît, comme en 2016, le domaine considéré comme le plus discriminant : 43 % des actifs considèrent que des personnes sont « souvent » discriminées lors de la recherche d’un emploi et 29 % que c’est « souvent » le cas dans le déroulement de carrière.

Si cette reconnaissance des discriminations est davantage rapportée par les personnes qui en ont fait elles-mêmes l’expérience, elle l’est aussi par des personnes n’en ayant pas été victimes : 40 % des personnes ne rapportant pas de discrimination dans la recherche d’emploi pensent que des personnes sont « souvent » traitées défavorablement à cette occasion et 24 % de celles ne rapportant pas de discrimination dans le déroulement de carrière en reconnaissent l’existence fréquente.

Si la perception des discriminations est relativement stable au sein des groupes sociaux, les jeunes comme les personnes non hétérosexuelles sont, en 2024, plus nombreuses à en reconnaître l’existence, dans la recherche d’emploi comme dans le déroulement de carrière.

L’expérience de discrimination dans l’emploi

Les personnes rapportant l’expérience de discrimination au cours des cinq dernières années déclarent, le plus souvent, qu’elles se sont produites dans le déroulement de carrière (dans 21 % des cas) ou lors de la recherche d’un emploi (14 %).

Les discriminations lors de la recherche d’emploi sont le plus souvent liées à l’âge (pour 64 % des seniors, discriminés à cette occasion) ou à l’origine réelle ou supposée (pour 53 % des personnes perçues comme noires, arabes ou maghrébines).

Celles qui interviennent dans le déroulement de carrière sont le plus souvent en raison du sexe (pour plus d’une femme sur deux discriminées dans ce cadre).

Les personnes rapportant l’expérience de discrimination dans l’emploi déclarent également plus fréquemment qu’on leur a posé des questions personnelles en entretien (80 % de celles discriminées à l’occasion d’une recherche d’emploi) ou avoir fait l’objet de propos ou comportements stigmatisants sur le lieu de travail (74 % de celles discriminées dans le déroulement de carrière).

L’expérience de discrimination selon les caractéristiques personnelles

Certains publics rapportent plus fréquemment avoir été discriminés au cours d’une recherche d’emploi : c’est le cas de près d’un chômeur sur deux et de plus d’un employé ou ouvrier sur trois.

L’origine perçue constitue le principal facteur d’exposition aux discriminations dans la recherche d’emploi : les personnes perçues comme noires, arabes ou maghrébines ont un risque 2,8 fois plus élevé que celles perçues comme blanches d’en rapporter l’expérience (contre 2,2 en 2016).

Dans le déroulement de carrière, les femmes ont 2 fois plus de risque de rapporter l’expérience de discrimination que les hommes.

Les 18-24 ans ont 2 fois plus de risque de rapporter l’expérience de discrimination que les 45-54 ans, dans la recherche d’emploi comme dans le déroulement de carrière.

Les personnes non hétérosexuelles ont 1,9 fois plus de risque que les autres de rapporter l’expérience de discrimination dans la recherche d’emploi et 1,6 fois plus de risque dans le déroulement de carrière, alors qu’aucune différence n’était observée en 2016.

De la même manière, les personnes portant un signe religieux ont 1,5 fois plus de risque de rapporter des discriminations dans la recherche d’emploi que les autres.

Dans le déroulement de carrière, les femmes diplômées d’un master ou d’un doctorat rapportent plus souvent avoir été discriminées que celles peu ou pas diplômées (risque 1,4 fois plus élevé que pour celles ayant un diplôme inférieur au baccalauréat). Celles ayant été discriminées sont significativement moins nombreuses à exercer un emploi de niveau cadre que les hommes rapportant l’expérience de telles situations (43 % contre 63 %).

Les démarches pour faire reconnaître la situation

Seulement 12 % des personnes discriminées dans le déroulement de carrière et 4 % de celles discriminées dans la recherche d’emploi déclarent avoir pris contact avec une association, le Défenseur des droits, un avocat, avoir saisi la justice ou déposé plainte.

L’absence de démarches est le plus souvent liée à la crainte que tout recours soit inutile ou infructueux.

Le manque de connaissance des ressources disponibles pour se faire aider reste un frein important : 44 % des personnes discriminées dans la recherche d’emploi et 42 % de celles discriminées dans le déroulement de carrière n’ont pas entrepris de démarches faute de savoir vers qui se tourner.